Autisme VS TSAF
Quand un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA) cache un trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF). Le TSAF et le TSA sont deux troubles neurodéveloppementaux qui ont des similitudes mais aussi de grandes différences. Le TSAF est également beaucoup plus fréquent que le TSA ; cependant, au Québec, les diagnostics de TSAF sont beaucoup plus rares que ceux du TSA. Par conséquent, une partie des personnes, enfants et adultes, qui ont été exposées à l’alcool avant leur naissance, pourvues d’une étiquette de TSA, se sont fait attribuer le mauvais diagnostic.
Pourquoi ?
On ne peut pas diagnostiquer une condition quand on ne la connait pas.
Le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF) est peu ou pas connu, et certaines de ses manifestations, et non pas toutes, ressemblent aux caractéristiques de l’autisme. La non-connaissance du TSAF mène à des diagnostics erronés.
Les préjugés
My fieldwork experience suggests that the individuals most commonly labeled as having prenatal alcohol effects in the absence of a medical assessment or diagnosis are First Nations.
Caroline L. Tait, The tip of the iceberg;
The “making” of fetal alcohol syndrome in Canada, 2003
[Mon expérience sur le terrain suggère que les personnes les plus souvent étiquetées comme ayant des effets prénataux de l’alcool en l’absence d’une évaluation médicale ou d’un diagnostic sont des membres des Premières Nations.]
(traduction non autorisée par l’auteure)
Voilà une citation de la thèse doctorale soutenue par l’anthropologue Caroline Tait à l’Université McGill.. Dans le quotidien, c’est une réflexion qui surgit d’ailleurs spontanément parfois, lorsqu’on parle de TSAF au Québec. Parallèlement, il a été constaté que le trouble du spectre de l’autisme est sous-diagnostiqué au sein des populations des Premières Nations, et ceci a été confirmé par une recherche menée en Colombie-Britannique et publiée par Anne Lindblom en 2014, alors qu’il est sur-diagnostiqué chez les « Blancs ».
Un moyen d’avoir ou de favoriser des services pour les personnes qui ont un TSAF
Selon plusieurs sources, dont des parents, les enfants dans les situations où la confirmation d’exposition prénatale à l’alcool est difficile à obtenir se voient parfois pourvus d’un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA), même si leur profil ne correspond pas en tout point à cette condition. L’argument est que cet enfant aura au moins une chance d’obtenir des services.
À d’autres occasions, même en présence d’une confirmation d’exposition à l’alcool avant leur naissance, ou des traits faciaux caractéristiques du TSAF, certains médecins ne poseront pas un diagnostic de TSAF. Ces médecins décideront de leur attribuer un diagnostic de TSA, parce que le TSAF est peu connu et qu’un diagnostic de TSA est une clé qui ouvre la porte à des services dans le réseau des services sociaux ou à l’école.
Impacts d’un diagnostic inexact
Il est vrai que certaines stratégies et interventions conçues pour les personnes ayant un TSA peuvent effectivement aider celles qui ont un TSAF. Mais, à cause des différences entre le TSA et le TSAF, celles qui ont un TSAF ont aussi besoin d’interventions adaptées et spécifiques au TSAF.
Distinguons ces deux troubles neurodéveloppementaux :
Similitudes entre
le trouble du spectre de l’autisme (TSA) et le trouble du spectre de l'alcoolisation foetale (TSAF).
- Deux troubles neurodéveloppementaux
- Difficultés à développer des relations avec les pairs, décoder le langage corporel, échanger et bien exprimer ses besoins et désirs, verbalement ou autrement
- Durée d’attention limitée
- Hypersensibilités et hyposensibilités aux stimuli sensoriels
Différences
Genre et physique :
TSAF | TSA |
Affecte également les garçons et les filles | Survient beaucoup plus fréquemment chez les garçons |
Microcéphalie plus fréquente | Macrocéphalie plus fréquente |
Présence de TFC dans environ 20% des personnes | Questionnement sur l’existence d’un phénotype du TSA |
Communication :
TSAF | TSA |
Capacité et grand désir de communication sociale avec autrui | Difficulté jusqu’à-impossibilité de communiquer véritablement |
La communication verbale peut se développer lentement mais généralement pas de limites significatives | Difficultés dans la communication verbale, qui parfois même ne sera jamais acquise. |
Difficulté au niveau du langage réceptif; amélioration du langage expressif avec le temps | Difficulté à la fois dans le langage réceptif et expressif |
Hypersociabilité – ouverture | Reste à l’écart; préfère être seul(e) |
Partage son plaisir et émotions | Partage du plaisir non spontané- expression émotive est limitée. |
Sens de l’humour-clown | Difficulté à comprendre l’humour |
Comportement :
TSAF | TSA |
Patterns particuliers de comportement rarement observés | Caractère particulier des comportements, intérêts et activités |
On n’observe pas de mouvements stéréotypés | Mouvements stéréotypés |
Comportements rituels rares | Comportements rituels |
Pas de gestes répétitifs (incidemment des problèmes de motricité globale et fine et/ou d’équilibre peuvent être présents sans lien avec une contrainte rituelle) | Gestes répétitifs, comme battre des mains, et/ou des postures anormales, comme marcher sur la pointe des pieds |
Difficulté avec les changements et les transitions | Inflexibilité reliée aux routines et rituels |